[4314,2]
Il est très-remarquable
que le poëte ait interrompu son chant au moment même où il n'aurait pu
éviter de parler de la prise de la ville, et de tracer le tableau de sa
destruction. Est-il vraisemblable qu'il se fût arrêté si brusquement, et
eût négligé de célébrer un événement favorable aux Grecs, s'il s'avait
eu à cœur de faire
4315 oublier aux Troyens,
ses compatriotes, l'instant malheureux de leur chute? {{(1) (M. Schubarth n'a donc par remarqué
qu'Homère ne chante qua
la colère d'Achille et non la guerre entière
de Troie? N. du
R.)}} On voit partout, dans l'Odyssée comme
dans l'iliade, que le poëte porte de l'affection aux
Troyens. Énée, roi futur de
Troie, ce héros favorisé des dieux, est sauvé
par Neptune, le plus puissant
dieu des Grecs. Leur plus dangereux ennemi, Hector, est peint sous des couleurs toujours
favorables. Hector a le
sentiment de la justice de sa cause; il n'est pas même soutenu par
l'espoir du succès; mais il est pénétré de ses devoirs envers la patrie;
il s'arrache aux affections les plus tendres, et s'immole sans hésiter.
Sa mort est une expiation volontaire d'un seul instant d'oubli, d'une
faute qui n'est pas la sienne. Mais les dieux, qui l'ont mal récompensé
pendant sa vie, viennent eux-mêmes assister à ses funérailles, tandis
qu'Achille vainqueur est
tourmenté du pressentiment et des angoisses d'une mort
prochaine.
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